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Chatterton – Alfred de Vigny

Chatterton a composé des œuvres qu’il a attribuées à un moine du XVe siècle, Rowley. Ruiné et désespéré , il vit à Londres, incognito, chez le riche marchand John Bell, qui lui loue une petite chambre meublée. La femme du marchand, Kitty Bell, a pitié du jeune homme mélancolique et l’aime en secret. Un ami d’enfance du poète rend visite à la famille, reconnait Chatterton et lève le voile sur son identité. Il plaisante sur les véritables intentions de Chatterton à l’égard de Kitty Bell, blesse celle-ci et désespère le jeune homme, qui se voit soupçonné par celle qu’il aime. Il songe à se tuer.

Un vieux quaker, ami de la famille Bell, a lu dans ces deux âmes et, pour sauver Chatterton, il lui apprend qu’il est aimé de Kitty. Chatterton Vivra donc, si le lord-maire de Londres lui accorde une aide qu’il a sollicitée. Lorsque celui-ci arrive, il se montre bienveillant envers le jeune poète et lui offre la place de premier serviteur. Mais, peu après, Chatterton découvre dans le journal un article insultant qui lui dénie la paternité de ses œuvres et fait de Rowley le véritable auteur…

Le modèle vivant du héros, un poète anglais du XVIIIe siècle, qui avait vendu à tout le monde sa plume de pamphlétaire pour survivre et s’était suicidé avec de l’arsenic à dix-huit ans, a été choisi et idéalisé par Vigny pour symboliser la condition de l’homme supérieure victime de son propre génie dans une société égoïste qu’incarne John Bell, mari autoritaire, industriel âpre au gain et homme sans pitié. Il dénonce le conflit éternel qui sépare le penseur idéaliste et désintéressé du monde soumis aux intérêts prosaïques ; mais la pose du personnage est si outrée que son intérêt reste avant tout de nous donner un aspect extrême de la psychologie littéraire du romantisme ainsi qu’une œuvre contrastant avec les drames romantiques de Hugo et de Dumas, forts en couleur et en événements historiques. Ici, c’est simplicité des faits se subordonnant aux sentiments qui prévaut. Le drame est réduit à une crise morale.

Un contemporain de Vigny, Théophile Gautier, résume ainsi l’intérêt que suscita la pièce en son temps : « Chatterton, lorsqu’il fut joué, se séparait plus encore qu’aujourd’hui de la manière en vogue. C’était le temps du drame historique, shakespearien, chargé d’incidents, peuplé de personnages, enluminés de couleur locale, plein de fougue et de violence… Dans Chatterton, le drame est tout intime et ne se compose que d’une idée ; de fait, d’action, il n’y en a pas, si ce n’est le suicide du poète deviné dès le premier mot. « 

Henri Maugis souligne la beauté de ce drame d’amour : « Ce drame de la pensée est en même temps un beau drame d’amour, d’une discrétion pure et poignante. »

Extrait

Il est atteint d’une maladie toute morale et presque incurable, et quelquefois contagieuse ; maladie terrible qui se saisit surtout des âmes jeunes, ardentes et toutes neuves à la vie, éprises de l’amour du juste et du beau, et venant dans le monde pour y rencontrer, à chaque pas, toutes les iniquités et toutes les laideurs d’une société mal construite. Ce mal, c’est la haine de la vie et l’amour de la mort : c’est l’obstiné Suicide.

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