La Mort de la Terre – J. H. Rosny Ainé

L’histoire se déroule dans un futur lointain où la Terre est désolée et presque inhabitée. Les mers ont diminué, les fleuves et les lacs ont disparu, laissant place à un monde désertique et hostile. Le récit suit le destin de quelques survivants isolés dans des oasis, luttant pour leur survie dans un environnement où les ressources sont rares. Malgré son titre, le livre n’évoque pas la fin physique de la Terre, mais plutôt la fin du règne de l’homme sur la planète.

Le roman présente une série continue de drames, avec des disparitions inexplicables de ressources, des défis de gestion des pénuries, des quêtes pour trouver de l’eau, des explorations de territoires inconnus, et des efforts pour contenir des éléments magnétiques, tous convergeant vers la prédominance imminente d’une terre pleine de vie mais en perpétuelle évolution.

Extrait

Depuis cinq cents siècles, les hommes n’occupaient plus, sur la planète, que des îlots dérisoires. L’ombre de la déchéance avait de loin précédé les catastrophes. A des époques forts anciennes, aux premiers siècles de l’ère radioactive, on signale déjà la décroissance des eaux : maints savants prédisent que l’Humanité périra par la sécheresse. Mais quel effet ces prédictions pouvaient-elles produire sur des peuples qui voyaient des glaciers couvrir leur montagnes, des rivières sans nombre arroser leurs sites, d’immenses mers battre leurs continents ?

J.H. Rosny Ainé illustre de manière prévoyante la responsabilité humaine face à une catastrophe imminente, soulignant que l’homme, en négligeant son environnement, s’auto-détruit tout en ravageant la nature. Il met en avant l’idée que même avec des avancées scientifiques, l’humanité ne peut pas éviter sa propre destruction.

Extrait

On rapporte que, au début de ces révolutions sidérales, la populations humaine avait atteint le chiffre de vingt-trois milliards d’individus. Cette masse disposait d’énergies démesurées. Elle les tirait des proto-atomes et ne s’inquiétaient guère de la fuite des eaux, tellement elle avait perfectionné les artifices de la culture et de la nutrition. Même, elle se flattait de vivre prochainement de produits organiques élaborés par les chimistes. Plusieurs fois, ce vieux rêve parut réalisé : chaque fois, d’étranges maladies ou des dégénérescences rapides décimèrent les groupes soumis aux expériences. Il fallut s’en tenir aux aliments qui nourrissaient l’homme depuis les premiers ancêtres. A la vérité, ces aliments subissaient de subtiles métamorphoses, tant du fait de l’élevage et de l’agriculture que du fait des manipulations savantes. Des rations réduites suffisaient à l’entretien d’un homme ; et les organes digestifs avaient accusé, en moins de cent siècles, une diminution notable, tandis que l’appareil respiratoire s’accroissait en raison direct de la raréfaction de l’atmosphère.

Il démontre une clairvoyance remarquable en abordant les conséquences de la radioactivité peu après sa découverte, prévoyant l’impact dévastateur sur l’humanité, la biodiversité et l’écosystème. Cette anticipation souligne l’urgence de prendre des mesures pour éviter une catastrophe imminente, mettant en lumière la responsabilité de l’homme dans sa propre destruction.

Extrait

« On commença à percevoir l’existence du règne ferromagnétique au déclin de l’âge radio-actif. C’étaient de bizarres taches vio­lettes sur les fers humains, c’est-à-dire sur les fers et les composés des fers qui ont été’ modifiés par l’usage industriel. Le phénomène n’apparut que sur des produits qui avaient maintes fois resservi : jamais l’on ne décou­vrit de taches ferromagnétiques sur des fers sauvages. Le nouveau règne n’a donc pu naître que grâce au milieu humain. Ce fait capital a beaucoup préoccupé nos aïeux. Peut-être fûmes-nous dans une situation ana­logue vis-à-vis d’une vie antérieure qui, à son déclin, permit l’éclosion de la vie protoplasmique »

Cette dévastation engendre un nouveau monde où les règnes naturels ne retrouveront jamais leur place, soulignant les conséquences irréversibles de nos actions sur l’écosystème.

Extrait

L’homme vit dans un état de résignation douce, triste et très passive. L’esprit de création s’est éteint ; il ne se réveille, par atavisme, que dans quelques individus. De sélection en sélection, la race a acquis un esprit d’obéissance automatique, et par là parfaite, aux lois désormais immuables. La passion est rare, le crime nul. Une sorte de religion est née, sans culte, sans rites : la crainte et le respect minéral. Les Derniers Hommes attribuent à la planète une volonté lente et irrésistible. D’abord favorables aux règnes qui naissent d’elle, la terre leur laisse prendre une grande puissance. L’heure mystérieuse où elle les condamne est aussi celle où elle favorise des règnes nouveaux.

Extrait : la mort du dernier homme

La nuit venait. Le firmament montra ces feux charmants qu’avaient connus les yeux de trillions d’hommes. Il ne restait que deux yeux pour les contempler !… Targ dénombra ceux qu’il avait préféré aux autres, puis il vit encore se lever l’astre ruineux, l’astre troué, argentin et légendaire, vers lequel il leva ses mains tristes…
Il eut un dernier sanglot ; la mort entra dans son cœur et, se refusant l’euthanasie, il sorti des ruines, il alla s’étendre dans l’oasis, parmi les ferromagnétaux.
Ensuite, humblement, quelques parcelles de la dernière vie humaine entrèrent dans la Vie Nouvelle.

Laisser un commentaire

Un site Web propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
Commencer