
Dans le langage chrétien, les métaphores autour de l’agneau sont légion, ainsi en est-il de l’appellation
biblique d’ » agneau divin » pour désigner Jésus-Christ. Quel sens se cache donc derrière cette formule pastorale très ancienne devenue énigmatique aujourd’hui ? Un premier indice se trouve du côté du bestiaire médiéval qui reflète la conviction d’alors selon laquelle le monde est un livre géant dessiné par Dieu. Plantes et animaux y seraient associés à une vertu ou à un vice d’après des correspondances très codifiées.
L’agneau incarne la douceur, l’innocence et l’obéissance. Les maîtres sculpteurs ont puisé dans ce registre pour ouvrager chapiteaux et linteaux de pierre, comme c’est le cas sur un des piliers de l’abbaye de Moissac, l’un des plus beau ensemble architecturaux français avec ses extraordinaires sculptures romanes, dans le département de Tarn-et-Garonne en région Midi-Pyrénées.

Mais la représentation de l’agneau divin est en fait plus ancienne puisqu’il apparaît au VIè siècles sur les mosaïque byzantines de la basilique San Vital de Ravenne, en Emilie-Romagne, en Italie du Nord. Mais quelle est donc la véritable origine de cette représentation ?
C’est l’Ancien Testament qui va en livrer le sens originel à partir de la double métaphore du serviteur et du sacrifice. Dans le livre de Jérémie, le prophète, qui se veut serviteur de Dieu, se comparait à un » agneau que l’on mène à l’abattoir « . Un second prophète, Isaïe décrit la souffrance » d’un agneau conduit à la boucherie comme devant les tondeurs » et mourant dignement en expiant les péchés de son peuple. Cette image offre quelques analogie troublantes avec la résignation apaisée du Christ lors de son procès.
La seconde métaphore est celle de » l’agneau pascal « , thème abondamment présent dans la culture juive.
Elle fait mémoire du sacrifice perpétuel de l’agneau dans le temple de Jérusalem en souvenir de Yahvé qui,
lorsqu’il délivra son peuple esclave des Égyptiens, ordonna aux Hébreux d’immoler un agneau dans chaque famille.
Le thème enfin sera repris dans le Nouveau Testament par Jean-Baptiste selon une utilisation tout à fait nouvelle :
» Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » Il annonce par cette formule l’arrivée de Jésus-Christ, envoyé par Dieu au milieu des hommes pour épouser leur conditions et les sauvés de leurs péchés.
Il devient donc non seulement » agneau divin » mais aussi » agneau de Dieu » au titre de la filiation :
le Fils de Dieu accomplissant dans les souffrances et la mort sa mission rédemptrice.

Les artistes prendront donc l’habitude de représenter le Christ en agneau. Pour éviter toute confusion entre les cultes et les croyances résultant de la similitude des symboles, un concile tenu à Constantinople en 692 exige que l’art chrétien représente le Christ sous les trait d’un homme. Le Moyen Âge gardera pourtant la représentation de l’agneau, mais avec un nimbe crucifère et porteur du drapeau de la Résurrection : il n’y a alors plus d’ambiguïté.
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